Visite orale, tactile et gestuelle

Tout public

expo

Au Mac Val, on a inventé les visites inclusives pour faire se rencontrer public handicapé et tout public.

« On n’avait pas envie de les isoler, on voulait que les sourds et les non-sourds puissent se rencontrer. Dès le départ, on a fait le pari de visites mixtes, donc pas de visite en langue des signes », se souvient Luc Pelletier, référent pour le handicap au Mac Val.

Les « visites gestuelles », menées en binôme, sont nées de ce postulat et surtout de la rencontre avec Levent Beskardès, acteur et metteur en scène sourd ouvert à toutes les aventures artistiques. « Pour chaque visite, il prépare avec les conférenciers, il passe du temps devant les œuvres, il se pose, il regarde et à chaque fois il remarque des éléments que les autres n’avaient pas vus. Il a une perception visuelle très fine, ce qui est assez caractéristique des sourds. » Il ne fait jamais équipe avec le même conférencier. « C’est vraiment un plus pour tout le monde. Ces visites impliquent de se mettre en scène corporellement, d’exprimer des émotions, cela change la position du conférencier qui ne peut pas se retrancher derrière un savoir. Et puis, au Mac Val, on a pour politique de ne pas se spécialiser ». Les visites sont gratuites et accessibles à tous, enfants comme adultes.

Aux entendants, il est proposé de mettre un casque pour favoriser la concentration par immersion dans une sorte de bulle. Le fait est que si vous n’avez pas suivi le début de la conversation gestuelle vous risquez d’être vite perdu. « C’est beaucoup dans l’improvisation, on essaye un geste et on regarde si les gens suivent, le rythme est assez lent. Le geste de boire ou dormir, on le pratique couramment, mais pour exprimer le vide, c’est une autre affaire. Pour dire ”toit de la maison en bois”, par exemple, on va d’abord dire ”arbre que l’on coupe pour faire le bois”, etc. » Le but, c’est que les participants réagissent, posent des questions. A ce jeu-là les enfants sont souvent créatifs.

Les sourds peuvent être plus à l’aise, mais ils n’ont pas le droit de recourir à la langue des signes. Ces visites offrent une approche plus sensible, dans un rapport direct avec l’œuvre. « La question centrale, c’est : qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire et qu’est-ce que ça vous fait à vous ? » Depuis, la technique a influencé les autres visites, celles pour les bébés en particulier. Les visites en LSF sont venues après.

Les « visites orales et tactiles », qui mêlent voyants et non-voyants, sont nées de la même manière. Là encore, elles sont liées à la rencontre avec Claire Bartoli, écrivaine aveugle qui écrit sur les œuvres et dit ses textes lors des visites également en binôme avec quelqu’un de l’équipe. Ça peut être assez théâtral et en tout cas sonore. Des visites très accessibles aux enfants. « Ecouter des histoires, ils sont toujours prêts à le faire. »


M.B

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Visite orale et tactile. Tout public.

Visite gestuelle. Tout public.